Les Accidents d’Exposition au Sang ou AES
Définition
Un AES est défini comme tout contact avec du sang ou un liquide biologique contenant du sang ou susceptible d’en contenir, survenant par effraction cutanée (piqûre, coupure), projection sur les muqueuses (yeux, bouche, narines) ou une peau lésée (plaie, excoriation, eczéma par exemple).
Le risque d’un AES est d’être contaminé par un virus transmissible par le sang ou un liquide biologique, tel que les hépatites B, C ou le VIH.
Rappelons-le, l’hépatite C se transmet essentiellement par un contact avec le sang. Quant à l’hépatite B et le VIH, ils se transmettent soit par un contact avec le sang, soit par un contact avec un liquide biologique.
Quoi faire en cas d’AES
Peu importe le service de soins dans lequel vous travaillez, vous devez retrouver une procédure en cas d’AES. Si ce n’est pas le cas, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de votre encadrement.
Voici la conduite à tenir en cas d’AES :

*source INRS Santé et sécurité au travail
Il est important de ne pas négliger la survenue d’un AES, même si les démarches semblent fastidieuses, puisque cela est considéré comme un accident du travail et il est nécessaire que vous soyez pris en charge correctement, en cas de risque majeur de séroconversion ou de séroconversation.
La surveillance des AES
Dans les années 90, une étude a été débutée pour connaitre les circonstances de survenue d’un AES chez les soignants. Elle a permis de mettre en avant les gestes les plus à risque d’avoir un AES mais aussi l’importance de les surveiller.
Par la suite, le Réseau d’Alerte, d’Investigation et de Surveillance des Infections Nosocomiales (RAISIN), créé en lien avec Santé Publique France et le GERES (Groupe d’Etude sur le Risque d’Exposition des Soignants), a permis une harmonisation des modes de surveillances des AES mais aussi de développer la surveillance au niveau national et le taux de séroconversion.
De nombreux établissements ont participé à cette étude, ce qui a aidé à approfondir les connaissances sur les AES et à mettre en place des stratégies de prévention.
En décembre 2021, la surveillance des séroconversions a été stoppée du fait d’un faible nombre de séroconversions sur les dix dernières années, montrant que les actions de prévention mises en place ont été efficaces mais aussi que les progrès thérapeutiques permettent de limiter la contagiosité des patients.
Epidémiologie des AES
Les études ont largement démontré que les infirmier(e)s (IDE) étaient les plus touchés par les AES car au quotidien, ils/elles effectuent des soins techniques nécessitant l’utilisation de matériel piquant, coupant ou tranchant.
Selon le GERES, le moment le plus à risque d’être exposé à un AES est lors de l’utilisation d’une aiguille et notamment lors d’un prélèvement veineux.
On peut présumer, qu’à ce moment le risque est plus important, de part l’utilisation d’une aiguille creuse (présence de sang dans l’aiguille) et d’autre part, par la quantité de sang avec laquelle on risque d’être en contact lors de ce soin, contrairement à une injection sous-cutanée.
Alors même avec de l’expérience professionnelle, restons vigilants et n’oublions pas de respecter les précautions standards. Cela n’arrive pas qu’aux autres !
Les facteurs favorisants la transmission du virus à la suite d’un AES :
Les facteurs de risque qui ont été mis en avant sont les suivant :
- L'utilisation d'aiguilles creuses contenants du sang ;
- La profondeur de la blessure ;
- La charge virale du patient source. Plus elle est haute, plus de risque de transmission est élevé ;
- La quantité de sang avec laquelle il y a eu un contact ;
- L’absence de protection (précautions standard).
Que peut-on faire pour réduire le risque d’AES ?
Pour limiter le risque d’AES, il est important de respecter plusieurs choses :
- Etre vacciné contre l’hépatite B pour tout professionnel de santé car une fois vacciné, la protection contre le virus est à vie ;
- Respecter les précautions standard et notamment le port des gants en cas d’utilisation d’objets coupants, piquants ou tranchants. Les gants n’évitent pas la piqûre ou la coupure mais ils aident à réduire le risque de séroconversion par un mécanisme d’essuyage lors de la piqûre ;
- Utiliser du matériel adapté et sécurisé. De plus en plus souvent, les services de soins utilisent des aiguilles sécurisées qui limitent le risque de piqûre.
- Organiser son soin : avant un soin, le fait de préparer tout le matériel à sa disposition, comme le collecteur de déchets DASRI, peut aider à réduire le risque d’AES ;
- Informer et former les professionnels de santé.
Vous pouvez en apprendre plus sur les AES
ICI
J’ai une hépatite virale et je souhaite devenir un professionnel de santé
Lorsque l’on souhaite devenir professionnel de santé et que l’on souffre d’une hépatite virale, on peut se poser la question de la possibilité de faire aboutir son projet professionnel ou non.
Hépatite B
L’arrêté du 6 mars 2007 oblige les professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques (médecins, chirurgien-dentiste, sage-femmes, pharmaciens, kinésithérapeutes, pédicures-podologues, AS, AP, ambulanciers, IDE, techniciens en analyses biomédicales, etc.) à être vacciné contre l’hépatite B.
Et depuis l’arrêté du 2 août 2013, les étudiants des professions citées ci-dessus sont ausi soumis aux obligations vaccinales. La plupart du temps, une preuve de cette vaccination est demandée à l’entrée à l’école ou dès le premier stage.
Alors quid des personnes qui souffrent d’une hépatite B, pour qui cette vaccination n’est pas recommandée ?
Vous trouverez ci-après quelques informations qui pourront vous guider.
D’abord, il est important de rappeler que le risque de transmission soignant/soigné dépend du soin réalisé, de la mise en place des précautions standard par le soignant et de sa propre charge virale.
Donc chaque professionnel de santé ou futur professionnel de santé porteur d’une hépatite, doit être informé à titre individuel du risque de contamination des patients en cas d’AES et de la nécessité de mettre en place ces moyens de prévention.
La personne concernée se doit d’anticiper la survenue d’un AES en mettant en place ces mesures de prévention lors des soins à risque et pour les professionnels du domaine chirurgical, de développer des pratiques minimisant le risque d’AES.
Il sera aussi nécessaire de mesurer régulièrement sa charge virale et de la réduire si le médecin le juge nécessaire.Vous comprendrez donc qu'il est fortement recommandé d'avoir un suivi médical assidu si l'on est soignant ou futur soignant.
Concernant la médecine du travail, il est possible que le médecin du travail propose une restriction d’activité sur la base d’une évaluation spécifique, en tenant compte de l’activité faite et de la charge virale du soignant ou futur soignant.
Il est donc préférable de les informer que vous êtes porteur d'une hépatite, mais cela n'est pas une obligation.
Hépatite C
Cela fait déjà plusieurs années que l’on sait guérir l’hépatite C. Alors si vous êtes porteur d’une hépatite C et que vous êtes soignant, pas de panique ! Il faudra que vous vous tourniez vers un médecin généraliste, hépatologue, gastro entérologue ou la médecine du travail qui saura vous orienter et vous proposer un traitement.
En attendant la guérison, vous devez être vigilant et mettre en place les précautions standard lors de la réalisation d’un soin à risque.
Pour plus d'informations n'hésitez pas à vous tourner vers votre médecin du travail ou le médecin qui vous suit dans le cadre de votre hépatite.
Sources :